À l’occasion de la sortie d’Alpha, de Julia Ducournau, j’ai rencontré Tahar Rahim pour un entretien publié dans Vanity Fair, et où nous avons balayé le spectre de ses inspirations cinématographiques, de Stand by me à Bruce Lee en passant par Meryl Streep. Il m’a confié qu’il préparait souvent ses rôles avec l’aide d’une psy. Je me suis dit que ça pouvait vous intéresser. Voici le passage concerné :

Vous préparez vos rôles tout seul ?
Parfois oui, et parfois je travaille avec une psy, toujours la même. Elle retourne des pierres. On se pose des questions à partir du scénario, qu’elle lit aussi, sauf si c’est ultra confidentiel. Je me fais un dossier, j’ai des notes sur mon téléphone. Pour Prisoner, la série que je viens de tourner et où je joue un tueur à gages, je les ai même traduites et données au showrunner pour que l’on puisse discuter du rôle ensemble. Ça permet aussi d’avoir plus d’indulgence envers mes personnages, surtout quand je joue des criminels ou des gens tordus, comme dans Le Serpent, la série diffusée cet été sur France 2. Au départ, c’est un enfant qui a vécu des choses horribles. Sa mère lui faisait un nœud au sexe parce qu’il faisait pipi au lit. Son père le rejetait et était absent. Après, il a fait son choix entre le bien et le mal. Ça n’excuse pas ses actes mais ça aide de savoir ça. Pour Les Misérables, où Fred Cavayé m’a confié le rôle de Javert, on est parti du fait que Javert a été abandonné par sa mère, et on a essayé de le rendre moins binaire, moins « romanesque ». Au fond, c’est pour moi le personnage le plus complexe du roman de Victor Hugo. Il n’est pas si zélé que ça. C’est un misérable lui aussi. Ce sont tous des misérables qui veulent sortir de leur condition, et lui va se libérer en se tuant. J’ai besoin de tout comprendre de qui je vais jouer avant de m’en affranchir et de m’amuser.

L’intégralité de l’entretien est disponible gratuitement en cliquant ici.